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Confluences
19 août 2005

sourire-chocolat

On ressemblait à deux gamines qui mangent leurs BN au chocolat dans la cour de récré. Sauf que là c'était dans la cour des grands. Avec elle je n'avais pas peur de manger. Manger lorsque c'est pas nécessaire. Manger par caprice, presque.Comme les autres savent le faire. En étant ensemble.Juste pour le goût...et les couleurs. On comprenait.

on aimait le noir, le rouge, pour s'habiller. Y'a un type une fois qui nous a prises pour deux soeurs. Moi j'étais fière. Petite soeur, je l'appelais. Petite grande-soeur, me répondait elle. Elle avait une petite voix, et moi aussi. On avait des écharpes, elle mettait des mitaines l'hiver, parce qu'elle a toujours froid. Elle était pâle, elle me faisait penser à des reflets de lune.

Un jour elle m' a dit :"je rechute". Je lui ai dit "non tu rechutes pas". Elle a rechuté quand même. Moi, j'ai évolué en dents de scie, selon les périodes.

Lorsque je faisais ma deuxième première année je la croisais parfois dans le foyer de l'iufm, elle était la même, avec quelque chose de changé, pourtant...et moi je voyais déjà dans ses yeux. C'est vrai qu'elle était émaciée mais... ce sont ses yeux qui m'ont tout dit en premier.

Je n'avais rien pu faire. Lui écrire des lettres de 5 pages, l'écouter, la respecter, essayer de comprendre, essayer de guider. Elle replongeait. Quand même. Je lui disais: "souviens toi, souviens toi comme elle nous piège, tu le sais! souviens toi comme tu en as souffert, n'oublie jamais, elle veut te reprendre!"

Il était trop tard.

C'est une petite fille qui est superbe et qui ne le sait pas.

Je n'ai pas su la protéger du monstre qui se cache dans son regard. J'étais l'ainée. parfois je me dis: ai-je voulu me préserver moi-même?

Etait-ce la distance, les kilomètres, ou était-ce moi?

Parfois je me dis: qu'est ce qui fait l'usure? à partir de quel moment, peut-être ai-je décollé d'un millimètre mon bras du bras de ma petite soeur? Puis un millimètre, puis un millimètre, puis un centimètre. Et de moins en moins.Un peu, toujours, malgré tout.

J'ai le sentiment de l'avoir abandonnée. Jamais elle ne m'a tant manquée. Aujourd'hui elle pleure endeuillée,et je me dis, peut-être a-t-elle besoin de moi, et je me dis comme j'aimerais être auprès d'elle.Puis je me dis que la vie est vraiment trop acharnée. Sur certaines personnes. Surtout. Ce sera souvent, toujours comme ça. Et ça me rend triste.

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