nous est je.
Carnet à secret à petits carreaux du 7 août 2005. Devant le miroir sous les ombres changeantes de la pointe du jour, de l'obscurité, du midi, du minuit. Parfois le visage ébloui par le soleil, son zénith, son phoénix, qui arrive de droite de la fenêtre. C'est elle. C'est... moi.
Il m'arrive de le trouver beau ce reflet, parfois, en une bribe de seconde parce qu'il y a quelque chose qui brille dans ses yeux, si vite que parfois je me demande si ce n'était pas un rêve.
Je me suis souvent demandée... les gens, les autres, la vie, voient-ils la même chose que ce que je vois dans ce miroir?
J'évolue parmi eux, si j'évolue parmi vous, je ne contrôle plus, je donne. Ce sont eux qui voient lorsque moi je ne vois plus.
D'autres fois, Sabrine regardant Sabrine...est-ce ma pupille qui me détaille, ou est-ce mon cerveau? Et alors, ce reflet, cette réalité qui se tient là devant moi, tangible et vrai, et si fragile et éphémere pourtant..est-ce ma propre création? Auquel cas, ce ne serait pas de sa faute à ce corps dans la glace. Mon esprit; ou alors ma cognition; ou alors mon imagination; ou alors mon fantasme; ou alors ma douleur. Ou encore,un mélange de tout cela. De mon moi intérieur. De mon vrai moi.
Et un corps que je regarde, que je punis, que je déteste...et qui n'y est pour rien. Il a l'air si réel et pourtant je me trompe. Il a l'air si réel et si dur à regarder. Elle a l'air d'un fardeau. Je ne me reconnais pas.
Alors parfois je voudrais l'aimer. Je voudrais m'enlever (ou me mettre) ces oeillères, rien que pour l'aimer. Vivre en harmonie. Comment font la plupart des gens pour se voir comme un tout, sans jamais ressentir ce décalage? Bientot l'éclairage changera encore, et moi je saurai que je ne vois pas ce que je vois. Ne pas faire confiance en ses yeux. Ou peut-être devrais-je sourire, pour y chasser la mort. La mort disparait elle à coups de masques?
Il y a elle, la moi du miroir, et il y a ce moi, ce moi dont je me sens si proche,invisible à l'oeil nu, ma boîte noire, ma boîte de pandorre à double et à double-fonds sans fin.Ce moi-là qui guide ces lignes avançant sur l'écran. ces deux fuyantes arriveront elles à se rejoindre un jour?
Qui peut prétendre me connaitre? Moi non plus je ne sais pas ce que je serai dans un an, dans dix ans. Il me faudra chercher l'harmonie, peut-être un peu plus que les autres. Il me faudra essayer de me rejoindre, de me rattrapper moi-même.
Parfois, je la regarde, je me regarde en me demandant :qu'allons nous devenir.Et quand je peigne ses cheveux, et que j'ai l'impression de peigner une poupée au regard vide... une petite douleur sur un noeud me rappelle que nous sommes. Que je suis.